Si vous avez un smartphone Android, peut-être avez-vous activé la fonction de géolocalisation proposée par Google, de manière à bénéficier de certains services liés à votre position. Mais savez-vous exactement ce que le géant du Wen fait de ces données ? C’est pourtant simple : connectez-vous à votre compte Google et allez voir dans votre historique les trajets Google Maps. Vous risquez d’être surpris d’y trouver, sur une carte, le tracé complet de vos déplacements et de vos positions, avec une précision horaire redoutable, et ce, sur plusieurs jours, semaines ou mois… En clair, si vous avez activé l’historique des positions, Google peut savoir où vous vous trouviez, et quand. Et tout conserver en mémoire, évidemment…
C’est précisément contre ce pistage que s’élèvent aujourd’hui sept associations de consommateurs européens, en Norvège, en Suède, aux Pays-Bas, en Pologne, en Grèce, en République tchèque et en Slovénie. C’est étude réalisée par une association norvégienne qui a mis le feu aux poudres en soulignant que Google avait recours à des « techniques de manipulation » pour inciter les utilisateurs d’appareils Android à activer les fonctions de suivi et de localisation à travers l’historique des positions et l’activité Web et applications.
Selon le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC), qui fédèrent les sept associations, ces fonctions permettent à Google de recueillir énormément d’informations à caractère privé sur ses utilisateurs : leurs déplacements en temps, réel, bien sûr, mais aussi, les lieux qu’ils fréquentent, et, par agrégation et analyse de données, leurs centres d’intérêt et leurs habitudes. De quoi dresser des « portraits » très détaillés incluant, par déduction, les croyances religieuses, les inclinations politiques ou encore les orientations sexuelles, parmi beaucoup d’autres choses. Bref, du Big Brother qui ne dirait pas son nom. Mais, surtout, et c’est ce qui motive les accusations des associations, une pratique qui va totalement à l’encontre du Règlement général sur la protection des données, le fameux RGPD, entré en vigueur le 25 mai dernier, pour protéger les informations privées des utilisateurs européens.
Google se défend en avançant que ces fonctions de suivi sont désactivées par défaut – ce qui est vrai – et que tout utilisateur peut les paramétrer ou effacer les données recueillies à tout moment, via son compte personnel – ce qui est également vrai. l’entreprise précise encore que ces fonctions, qui sont expliquées clairement, ont pour but premier d’améliorer « l’expérience utilisateur », en fournissant des services personnalisés et des informations localisées – sur la circulation routière, par exemple. Il n’empêche : pour les associations de consommateurs, le procédé est trompeur et nombre d’utilisateurs acceptent d’être pistés en permanence sans en avoir réellement conscience. Sans parler du fait que la désactivation des fonctions de suivi et de localisation n’empêche pas Google de connaître e d’enregistrer la position des smartphones, donc des utilisateurs.
Pour l’heure, les associations réclament l’ouverture d’une enquête auprès des régulateurs. Mais il est tout à fait possible que leur action débouche sur des plaintes et des poursuites en justice. Qui aboutiraient à un retrait ou des modifications de ces fonctions de suivi ainsi qu’à une amende. Une affaire à suivre de près, d’autant qu’elle touche de près à la vie privée beaucoup d’entre nous…
Illustration : © CCM-Google
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