Lentement, mais sûrement, le PC virtuel en ligne fait son chemin. Ce concept, également appelé cloud computing, consiste à utiliser un ordinateur distant hébergé sur un serveur spécialisé en passant par Internet. En pratique, toutes les ressources machine – processeur, mémoire vive, stockage, etc. – sont déportées sur le serveur – plus exactement, sur une partie du serveur – et il suffit d’avoir un écran, une souris et un clavier reliés à un petit dispositif connecté à Internet pour y accéder.
L’idée n’est pas nouvelle, l’histoire étant souvent un éternel recommencement. Pour l’anecdote, le concept du PC virtuel à distance rappelle un peu le fonctionnement des ordinateurs des années 70, avec une unité centrale reliée à différentes consoles de commande travaillant en parallèle, chacune avec un peu de temps machine. Mais aussi le principe des « clients légers » qui permet à certaines entreprises d’installer des petits ordinateurs minimalistes reliés en réseau à un serveur central faisant tourner divers logiciels pour effectuer l’essentiel du travail.
Ce qui change avec l’arrivée du PC en mode cloud, c’est l’utilisation d’Internet. D’une part, parce que l’on peut utiliser l’ordinateur virtuel de n’importe où, à condition d’avoir une connexion. De l’autre, parce que l’augmentation des débits, notamment avec la généralisation de la fibre, permet d’échanger rapidement un gros volume d’informations, et donc de travailler pratiquement comme sur un PC « local ». De fait, les principales données qui circulent sont, du côté « montant », les commandes et les requêtes provenant du clavier et de la souris, et du côté « descendant », les images affichées à l’écran, qui arrivent en streaming, comme avec un banal service de vidéo.
C’est ce principe assez astucieux qu’a popularisé récemment Blade. Avec son offre Shadow, la start-up française propose en effet l’accès à un PC puissant hébergé dans son data center pour un abonnement mensuel à partir de 30 euros par mois. Selon la formule choie, on dispose ainsi de l’équivalent d’un processeur Xeon à huit coeurs, de 12 Go de mémoire vive, d’une carte graphique de type Nvidia GTX1080, etc. Bref, l’équivalent d’un ordinateur haut de gamme, évolutif et toujours à jour, accessible depuis n’importe que écran connecté à Internet. Clairement destinée aux joueurs, la solution de Blade devrait bientôt compter avec d’autres services similaires, comme celui de Microsoft avec son projet xCloud.
Un autre acteur majeur s’apprêterait aussi à entrer dans la danse : Orange. L’opérateur historique serait en effet sur le point de lancer un service sur abonnement de PC sous Windows 10 en mode cloud. Contrairement à Blade, Orange viserait un public beaucoup plus large que celui des seuls gamers, en s’adressant aussi bien aux particulier qu’aux professionnels et aux entreprises. Côté matériel, l’opérateur utiliserait sa Clé TV2, une petite clé HDMI se branchant sur n’importe quel écran, moniteur informatique comme téléviseur et se connectant en Wi-Fi à un point d’accès à Internet (Livebox ou autre). Conçu initialement pour offrir de la télévision d’appoint à ses abonnés, notamment pendant leurs déplacements, ce dispositif miniature permettrait d’utiliser un clavier et une souris pour utiliser l’ordinateur virtuel à distance.
Pour l’heure, Orange n’a donné aucun détail sur sa future offre, attendant sans doute le résultat de tests grandeur nature pour valider ses choix : on ne connaît ni les configurations proposées, ni les tarifs, ni la date de lancement. Mais il sera intéressant de suivre cette nouvelle aventure, ne serait-ce que pour voir si le grand public, désormais familiarisé la dématérialisation et les services en ligne, adhère à ce concept séduisant.
Illustration : © Orange
Ajouter un commentaire