2018 restera sans doute comme une année noire pour Free. Les résultats annuels d’Illad, la maison mère, présentés comme prévu ce 19 mars, le confirme : malgré un chiffre d’affaires presque stable (-1,9 %), l’agitateur des télécoms fait face à une baisse sensible de son résultat net (-18,5 %) mais, aussi, et surtout, à une perte significative d’abonnés en France en 2018, pour la première de son histoire.
Comme il se doit dans de pareilles circonstances, Iliad cherche à positiver et à rassurer les investisseurs avec des formules et des commentaires enthousiastes dans son communiqué officiel. Le groupe insiste ainsi sur le nombre de ses abonnés raccordés à la fibre (1 million en France en janvier 2019), ses investissements, son internationalisation (notamment son succès en Italie), ses innovations (avec la Freebox Delta), sa politique de recrutement (plus de 10 000 collaborateurs) et la nouvelle stratégie mise en place par l’équipe de direction remaniée, déclarant que « 2018 a permis au groupe de mettre en place les fondations d’un nouveau cycle de croissance ».
Un optimisme que contredit le bilan chiffré. En un an, Free a perdu 93 000 abonnés sur le fixe (accès Internet en ADSL ou en fibre), pour un total de 6,4 millions de clients, l’arrivée tardive de la Freebox Delta n’ayant pas réussi à redresser la barre avant le 31 décembre. Mais c’est pire du côté de la téléphonie mobile, avec 254 000 abonnés perdus en 2018, sur un total de 13,4 millions de clients. Dans les deux secteurs, la baisse s’est accentuée en fin d’année, la faute à un “contexte concurrentiel exacerbé” selon le communiqué.
Sur ce plan, il faut bien reconnaître que Free a perdu l’avantage de ses débuts. Même si elle inclut de très nombreux services, la dernière Freebox coûte plus cher que les précédentes (surtout avec l’achat obligatoire du boîtier Player Devialet, qui vient gréver la facture). Et sur le terrain du mobile, les concurrents (Bouygues Telecom et SFR en tête) ont fait très fort l’an dernier, avec, par exemple, des forfaits voix en illimité et 20 Go de données à 5 euros par mois, garantis « à vie ». C’est bien mieux que le forfait à 2 euros de Free qui n’a pas évolué pour contrer cette offensive tarifaire… Et on attend toujours la fameuse « offre révolutionnaire » promise par Xavier Niel lors de lancement de la Freebox Delta.
2019 s’annonce comme une année décisive pour l’opérateur, qui déclare avoir écoulé plus de 100 000 Freebox Delta en deux mois – sans toutefois préciser si c’était avec de nouveaux clients ou d’anciens – (voir actualité). Et si tout n’est pas noir, Free devra redoubler d’efforts et d’imagination pour retrouver son pouvoir de séduction et convaincre à la fois ses clients et ses investisseurs. Un plan de reconquête devrait être dévoilé le mois prochain.
Illustration : © YouTube – Free
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