– L’entrevue accordée mercredi 10 avril au journal Le Monde par Agnès Pannier-Runacher a fait couler beaucoup d’encre ces dernières heures. Interrogée sur le déploiement de la 5G en France, la secrétaire d’Etat chargée des télécoms a tenu des propos qui ont inquiété une partie de la population, plus précisément, celle vivant en milieu rural.
Pour Agnès Pannier-Runacher, les objectifs du gouvernement sont clairs : « Notre ambition est de couvrir un maximum de la population et d’usages en déployant dans chaque situation la technologie la plus adaptée. La 5G, avec sa faible latence, ses débits bien plus élevés et sa faible portée, est bien adaptée pour les entreprises et les zones de forte densité humaine ». Un discours logique, dans la mesure où les grandes villes concentrent par essence une population nombreuses, mais qui pouvait laisser entendre que les habitants en zones rurales devraient se contenter de la 4G.
D’où la crainte, légitime, de voir se dessiner à court terme une nouvelle fracture numérique, avec, d’un côté les citadins bénéficiant du très haut débit de la 5G et, de l’autre, les ruraux cantonnés à la 4G, qui n’est d’ailleurs toujours pas complètement déployée sur tout le territoire – un objectif qui devrait être atteint d’ici à 2022, selon le New Deal, l’accord établi entre l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (l’Arcep) et les opérateurs en France.
Sans éloigner complètement ce spectre, le cabinet de la secrétaire d’Etat a tenu à se montrer rassurant au lendemain de la parution de l’article. D’abord, en rappelant que ces propos ne constituent que des directions pour le cahier des charges que l’Arcep doit établir en vue de l’attribution prochaine des fréquences aux opérateurs intéressés. Ensuite, en indiquant que le déploiement de la 4G se poursuivait à un rythme élevé, avec l’installation d’antennes 4G prévues pour basculer en 5G le jour venu. Enfin, en soulignant que la plupart des grandes entreprises qui utiliseront la 5G sont localisées loin des centres urbains, et que certains usages, notamment la voiture autonome, nécessiteront de rendre la 5G accessible à tous sur l’ensemble du territoire.
Il faut donc comprendre que le développement de la couverture 4G se poursuivra – si 99% de la population est déjà couverte, mais seulement 87% du territoire – tandis que la 5G se concentrera dans un premier temps sur les grandes villes et les zones d’implantation des entreprises. Alors que l’UE demande au moins une grande ville couverte dans chaque pays membre d’ici à 2020, la secrétaire d’État promet « d’aller plus loin ». On peut supposer que les villes en question seront Bordeaux, Lille, Marseille, Nantes, Paris et Toulouse là où les quatre grands opérateurs font des tests d’antennes 5G.
C’est une évidence, technique et économique, la 5G ne sera pas proposée partout en même temps. Comme la 4G, son déploiement exige de lourds investissements et s’inscrit dans des cycles longs. Il faut juste espérer que cette nouvelle technologie de communication ne reste pas trop longtemps une exclusivité des grands centres urbains, pour éviter de créer une France à deux vitesses.
Photo : © Hasan Eroglu – Shutterstock.com
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